L'Aziza est une chanson de Daniel Balavoine, parue en 1985, écrite et composée pour son album
Sauver l'amour. Avec cette chanson, Balavoine rend hommage à son épouse Corinne, d'origine
juive marocaine.
La chanson sort en single le 14 octobre 1985 comme premier extrait de l'album et entre au
Top 50 le même mois. Le choc causé par la mort tragique de Balavoine le 14 janvier 1986
augmente considérablement les ventes du single, ce qui lui permettra de se hisser en tête
du Top durant huit semaines consécutives et de se vendre à plus d'un million d'exemplaires.
En 2016, la chanson est reprise par Féfé pour l'album Balavoine(s) sorti à l'occasion du
trentième anniversaire de la mort de Daniel Balavoine.
Historique
En 1985, le Front national monte en puissance dans la vie politique française,
ce qui indigne Daniel Balavoine. En effet, le climat général en France inquiète le chanteur
et auteur-compositeur de trente-trois ans, puisque le Président de la République François Mitterrand,
à qui il voue une grande admiration mais qui ne partage pas ses états d'âmes, organise à son initiative
les législatives de 1986 à la proportionnelle, qui ouvriront les portes de l'Assemblée Nationale
à l'extrême droite. Dans ce contexte, Balavoine écrit le titre, exprimant sa colère dans un message
de paix. Selon Didier Varrod, auteur du livre Le Roman de Daniel Balavoine, L'Aziza était un
« cri spontané ». Durant l'enregistrement de son huitième — et dernier — album, Sauver l'amour,
durant l'été 1985 en Écosse, Daniel Balavoine pourtant proche de SOS Racisme prend le contre-pied
de nombreuses associations, en ne cédant pas à la mode de stigmatiser les ennemis des « potes »,
en combattant le racisme d'une autre manière. Varrod explique que Balavoine « considérait qu'il était
facile et naïf d'affirmer : « Je suis contre le racisme ». Avec L'Aziza, il a voulu dire
: « Moi, je ne suis pas contre Le Pen. Moi, je suis pour les Arabes ». À cette époque, il
revendique un changement de stratégie : « Je ne me laisserai plus piéger comme par le passé. »
Dans une interview à Paris Match, en novembre 1985, Daniel Balavoine émet des critiques envers
la droite, mais aussi envers la gauche :
« Ce qui me gêne dans SOS Racisme, c'est de chercher à faire croire aux gens qu'on peut mélanger
les races sans qu'il y ait le moindre problème. Or, ce qui fait la beauté des races, c'est leur
différence. Il y a un énorme fossé entre les races, mais il faut apprendre à le franchir.
J'aime les Arabes, ce sont des gens fantastiques qui ont souvent bien plus de dignité que ceux
qui en parlent de manière assez écœurante. »
— Daniel Balavoine
Par cette chanson, Balavoine rend également hommage à sa femme Corinne, juive d'origine marocaine :
« Je vis avec une femme qui est juive marocaine. Aussi lorsque j'entends certaines personnes dire
qu'il faut foutre dehors les immigrés, j'ai peur qu'on me l'enlève».
Didier Varrod explique que le vers « Ton étoile jaune c'est ta peau » ferait polémique, car pour
Balavoine, la personnalité de L'Aziza représente « une unité absolue », incarnant deux religions.
Il ajoute qu'à travers son évocation, il « dénonce tous les racismes qui touchent tous les pays »
et qu'à la première écoute, on croit la chanson légère et après une étude minutieuse, on s'aperçoit
qu'« elle est bien plus complexe ».
L'Aziza, signifiant « la chose la plus chère » en arabe mais aussi « chérie », est devenu un standard
de la chanson au fil des années. Le titre est enregistré aux Highland Recording Studios d'Inverness
puis remixé l'année de la publication de l'album. Il est commercialisé en 45 tours comme premier
single de l'album Sauver l'amour. Il figure sur le best of Balavoine sans frontières, pour
les vingt ans de la disparition du chanteur. Le 7 décembre 1985, L'Aziza obtient le prix SOS Racisme,
remis par Harlem Désir lors de la Fête des Potes au Bourget.
Le solo de guitare au milieu du titre, très technique, a été réalisé par le guitariste britannique
John Woolloff. L'inspiration lui serait venu après avoir regardé la prestation de Status Quo au Live Aid
le 13 juillet 1985, alors que l'équipe enregistrait en Écosse.